François Béranger

Sur le journal Le Mague, le 14 avril 2008, Paco a écrit:Hommage à François Béranger

Impression

« Tous ces mots terribles… » Nous sommes nombreux/ses à pouvoir embrayer sur la ballade grinçante de François Béranger, chanteur libertaire décédé en octobre 2003. « Tous ces mots terribles… » c’est aussi le titre d’une compilation, hommage qui revisite dix-sept chansons inusables. Sortie le 21 avril 2008.

Entre colère et tendresse, François Béranger a marqué la chanson rebelle des années soixante-dix avec sa voix chaude et ses idées noires. « Chanter, c’est pas vivre, mais c’est l’espérer. Chanter, c’est survivre, quand on est vidé. Vidé de ses illusions, tout nu et tout con », nous confiait-il dans ses concerts-manifestes inoubliables.

Sorte de fils caché d’Aristide Bruant et de Fréhel (à moins que ce ne soit de Gaston Couté et de Damia), ce folk-singer libre penseur héritier de Woody Guthrie ne ratait jamais une occasion pour aligner les exploiteurs (ex-ouvrier chez Renault, il avait chanté pour les Lip, les grévistes du Joint français et tant d’autres), les flics, les matons, les racistes, les pollueurs, les militaires, l’État de merde... « Dire que l’État est scatologique, c’est pas vraiment très sympathique pour la vraie fiente, le vrai crottin qui engraisse si bien nos jardins… » Chanteur utopiste, il était souvent rattrapé par un réalisme ravageur. « J’en suis encore à m’demander après tant et tant d’années, à quoi ça sert de vivre et tout, à quoi ça sert, en bref, d’être né. »

Appelé sous les drapeaux, François se retrouva en Algérie pour le casse-pipe que l’on sait. Il assista à des drames qui le marqueront pour toujours. Sur scène, avant d’interpréter Tranche de vie, chanson autobiographique romancée, il n’oubliait jamais de s’excuser pour cette tragique parenthèse. Avec une sombre ironie, il disait à chaque fois qu’il le disait à chaque fois, comme s’il voulait dissiper tout malentendu. Bref, Béranger faisait partie de ce qu’un certain Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur, appelait les… « ennemis de l’intérieur ». C’est ce qui incita sans doute l’AFP à présenter l’auteur de Magouille Blues comme « l’ambassadeur de l’esprit de Mai 1968 », le jour de sa mort, en 2003.

A la fin de sa vie, François n’avait pas perdu son mordant, mais son audience n’était plus la même. Pas du tout consensuel, les radios et télés l’ignoraient. Perpétuel insoumis, François Béranger s’est toujours battu contre la violence du capitalisme et contre la mollesse de la gauche institutionnelle. « Le vrai changement, c’est quand ? » demandait-il en 1982, au début des années Mitterrand qui sonnèrent le glas des élans alternatifs.

La dernière apparition de François Béranger remonte à 2002 pour un duo avec Sanseverino sur Le Tango de l’ennui, titre repris sur l’album Le Tango des gens. Sanseverino lui dédia d’ailleurs la Victoire de la Musique qu’il reçut en 2003. Dans la foulée, au risque d’énerver le François qui refusait d’être un modèle, une « idole », dix-sept artistes ou groupes rendent hommage à l’ami Béber. De Raoul Petite à Jeanne Cherhal en passant par re-Sanseverino, Thiéfaine, Marcel et son orchestre, Tryo, La Rue Kétanou, les Blaireaux… et Emmanuelle Béranger (fille de), voilà une tribu bien sympathique pour rallumer le feu de la colère.

« Comme on a les mêmes choses sur le cœur, un jour on pourrait chanter en chœur... »

La compilation Tous ces mots terribles associe Loïc Lantoine (Y’a dix ans), Michel Bühler (Le Vieux), Hubert-Félix Thiéfaine (Tranche de vie), Gérard Blanchard (Tous ces mots terribles), Jeanne Cherhal (Rachel), Jamait (Le Monument aux oiseaux), Mell (Manifeste), Raoul Petite (Mamadou m’a dit), Marcel Et Son Orchestre (Magouille Blues), Tryo (Ma Fleur), Tony Truant (La Gigue de la reine), La Rue Kétanou (La Fille que j’aime), Les Szgaboonistes (En Avant), Emmanuelle Béranger (Dure mère), Sanseverino (Brésils), Les Blaireaux (Antonio) et Edgard Ravahatra (Dans les arbres).

La compil sera écoutée en avant-première à Paris, le 15 avril, à partir de 19 heures, chez Confluences,190 boulevard de Charonne (20ème) où il sera possible de voir une exposition d’affiches de Mai 68 jusqu’au 30 mai.

Le CD Tous ces mots terribles est présenté sur Myspace

Pour finir en chanson, voici Tous ces mots terribles interprétée par François Béranger le 5 novembre 1998, à Lille.

Sur Conf', le 16 octobre 2007, heloise a écrit:Salut !

(Désolée, je copie, colle....)

Je reviens juste d'un concert en hommage à François Béranger dans le cadre du Festi'Val de Marne Autant la première partie était insipide (elle ne sert même pas de faire-valoir, Béranger n'en a guère besoin), autant la suite était tout simplement géniale. Les musiciens des dernières années accompagnaient deux chanteurs, amis de Béranger, et deux jeunes artistes. J'ai découvert plein de chansons, j'en ai entendu d'autres que j'adore en live pour la première fois. Juste un bémol : c'était évidemment trop court, z'ont pas pu chanter mes préférées ("Une Ville", "Le Monde Bouge", "Paris Lumière", "Les Jours Sont Courts"). Les deux jeunes, Marie Tout Court et Thomas Pitiot étaient véritablement excellents, ça donne envie de voir ce qu'il/elle font par ailleurs. Quant aux deux vieux, quelle voix ! Ils/elle ne se sont pas contenté-es de les chanter telles quelles, ils/elle les ont véritablement interprétées, en ont fait parfois des versions très différentes. Rhhhhhha, c'était trop bien ! J'ai même récupéré une affiche à la fin^^.

Ariane-

Sur Conf', le 17 octobre 2007, heloise a écrit:Salut !

Ca ne m'étonne pas du tout, vlatipas, t'inquiètes Béranger est un chanteur ultra contestataire qui a repris sa guitare en 1970 suite aux événements de 1968. Un genre de Renaud avant l'heure, mais bien plus virulent, et sans l'accent parigaud. Il était pas tendre avec le métier qui le lui a bien rendu, et ses chansons ne passaient pas toujours en radio.

En fait, je l'ai découvert il y a peu. Mes parent-es avaient un disque de lui, mais il/elle le mettait. Ma mère m'a dit récemment que c'est une de mes tantes qui avait apporté le disque. Ensuite, j'ai eu vent de sa mort à la radio en écoutant "On Va S'Géner" de Ruquier sur Europe 1. Gérard Miller lui rendait hommage et il a fait passer "Tranche De Vie". J'ai alors voulu acheter le disque que mes parent-es avaient après avoir écouté des extraits (la zique avait l'air génial, bien dans le ton des années 70), mais le disque était un rupture de stock, et j'ai dû laisser tomber. Quelques mois plus tard, de nouveau Ruquier sur Europe 1, de nouveau Miller, qui parlent de Dominique Grange, une chanteuse qui a beaucoup soutenu les ouvriers en 1968. Elle venait de sortir un double CD comprenant son nouvel album et l'édition en CD des titres qu'elle avait chantés alors et qui étaient quasi introuvables, comme "Les Nouveaux Partisans", "Grève Illimitée", etc. Sur une de ces chansons, Miller fait partie des choeurs, et ils/elles ont donc largement parlé du disque. Je l'ai acheté, et dessus, il y a une interview de Béranger sur "Les Nouveaux Partisans", ainsi qu'un extrait d'une version qu'il en a faite. Et là, je me suis réintéressée à lui et je suis devenue fan Cetains de ses disques sont difficiles à trouver. J'ai surtout ceux du début (sauf un), je les achète les uns après les autres.

Au début, à l'instar de Renaud, les chansons étaient des rocks, tangos, valses, bref de la musique populaire bien faite avec des paroles ravageuses. En 1974, son association avec Alarsen a permis de produire des disques plus 70 comme je le disais plus haut, plus pop (j'adore). Ensuite, je ne peux pas te dire, je connais moins. Bon, je compare à Renaud, mais c'est quand même très différent en fait, lol. C'est juste pour le côté contestataire et musique populaire, mais ensuite, rien à voir. Pas la même écriture du tout.

Voilà. François Béranger est mort le 14 octobre 2003, mon Papa était encore vivant et il fêtait ses 63 ans ce jour-là. J'avais oublié que c'était une double date anniversaire en quelque sorte, le 14 octobre restant gravé dans ma méoire à jamais de toutes façons. Je m'y suis intéressée "trop tard" (il n'est jamais trop tard pour rencontrer Béranger) pour le voir en concert, alors j'étais émue hier d'entendre ses chansons, qui plus est, interprêtées par des ami-es.

Et dernière chose, j'ai lu l'an passé une histoire de la chanson contestataire en France. Un de ses grand-es réprésentant-es a sévi au début du 19ème siècle et s'appelait Pierre-Jean de... Béranger !

Ariane-qui-aimerait-s'appeler-Béranger-parfois-

Sur Conf', le 20 octobre 2007, heloise a écrit:Salut !

Je déteste les pages qui se rechargent en effaçant tout, surtout quand j'ai écris un pavé !!!
Bon, je recommence...

Alors, je te disais tout d'abord, de rien, baboo

Ensuite, je te conseillais "L'Utopie Toujours" de Dominique Grange qui a l'avantage de proposer ses dernières chansons, ainsi que celles de 68/70 d'origine (on entend même les craquements des 45T - ça, je ne te l'avais pas dit avant ).

Concernant Béranger, une discographie est disponible ici, ou là, quoique moins complète, mais ce dernier site propose, outre le lien que j'ai fourni juste avant , une autobiographie de Béranger (que je n'ai pas encore lue).

Pour ma part, si j'étais toi, je commencerais tout simplement le premier album, qui comprend "Tranche De Vie", une de ses plus célèbres chansons, véritable mini autobiographie et pamphlet social, ainsi qu'une série d'autres chansons assez représentatives de ce qu'a pu faire ensuite (de ce que j'en connais) Béranger. J'adore "Une Ville" sur l'invasion de Pragues par les Russes, c'est une de mes préférées de toutes celles que j'ai pu écouter. "Y A Dix Ans" également, dans un tout autre registre, une chanson sur les musicien-nes "A La Goutte D'Or" est une reprise d'Aristide Bruant, chanteur montmartrois peint par Toulouse-Lautrec, typique des chansons qu'on pouvait entendre dans le Paris populaire du 19ème. Et enfin "Natasha" et "Dis-moi", deux superbes chansons d'amour dans des styles très différents.

Je ne connais pas le deuxième album, je viens juste de me le procurer, il est très difficile à trouver. Il contient "Le Monument Aux Oiseaux" que j'ai entendu sur un disque concert, et à Arcueil mardi dernier

Le troisième est excellent également. Les styles musicaux y sont très variés :

• tango (de l'ennui) - "Anastasie ! L'ennui m'anesthésie !" (excellente chanson sociale)
  
• gigue (de la reine) - Béranger explique dans un concert que lorsque des personnalités que la foule n'aime pas défilent, une des manières de manifester son mécontentement, sans s'attirer directement les foudres de la police, est de faire du bruit avec ses chaussres à clous sur les pavés
  
• musique juive ("Rachel")
  
• musique sud-américaine ("Nous Sommes Un Cas"), ou comment user de la musique incas pour dénoncer tout un tas de trucs (trop pour tout dire en une ligne)
  
• musique folklorique de style américain, ou irlandais (Chanson A Danser)
  
• musique de bal populaire (La Fille Que J'Aime), ou une chanson d'amour très rigolote
  

"Le Vieux" est une superbe chanson également sur... lol la vieillesse^^.
Et puis également deux chansons sociales, "Le Balayeur D'Amérique" avec une ambiance très particulière, douce, et "Manifeste"...

L'album suivant est... musicalement totalement dans mes "cordes", avec des textes sociaux à souhait : "Le Monde Bouge", "Magouille Blues", "Prisons", mais aussi une belle chanson sur la vie (en général, pas trop mon truc, mais là, je craque), "Les Jours Sont Courts". Une autre également, "Département 26", sur la solitude d'un homme... En fait, cet album marque le début de la collaboration avec Jean-Pierre Alarcen, superbe guitariste, qui co-écrit certaines musiques de cet album, ainsi que du suivant...

... "L'Alternative"... Amoureuses de Paris, abstenez-vous... Cet album contient l'éblouissante "Paris-Lumière", chanson fleuve d'une vingtaine de minutes, absolument extraordinaire. Les premières chansons sont dans un style plutôt folk.

Voili, voilou pour mes avis sur quatre des cinq premiers albums de Béranger, relativement facilement trouvables

Après, y a un concert, c'est sympa pour les commentaires, pour avoir une idée du personnage, mais pour ma part, je préfère les chansons en studio.

J'ai quelques-uns des albums suivants, mais souvent, je les connais moins, et/ou ils sont difficiles à trouver. Cela dit, "Joue Pas Avec Mes Nerfs" est excellent (je l'ai en 33T), mais il ne mâche carrément pas ses mots. L'album contient une chanson qui a fait parler d'elle, apparemment, "Mamadou M'A Dit", d'un féroce anti-racisme. Ce n'est pas la seule. "Je Ne Veux Plus Le Savoir" aussi, accessoirement assez anti-flics.

Ariane-tu-me-diras-comment-vous-avez-trouvé,-hein,-baboo-?-

Je vois dans le filigrane de la vieille photo jaunie,
Derrière vos vieilles bécanes défiler tous vos acquis.
Toutes les générations, têtues, jamais vaincues,
Leurs luttes contre l'oppression, le Front Popu, la Sécu.
Mais la photo s'obscurcit. Vos victoires sont bafoués.
Le monde regarde, suffoqué, revenir la barbarie.

EN AVANT POUR LE GRAND BOND EN ARRIERE ! EN AVANT ! EN AVANT ! EN AVANT !