Il reste encore quelques jours jusqu'au 11/8 pour voir ce classique dans deux salles parisiennes, le nouveau latina (dans le 4ème) et le Grand Action (dans le 5ème).
La rumeur
Film de William Wyler, de 1962 avec Audrey Hepburn et Shirley MacLaine
Dans une petite ville de province, deux amies Karen Wright et Martha Dobie dirigent une institution pour jeunes filles, aidées par Lily, la tante de Martha, une ancienne actrice excentrique. Fiancée au médecin Joe Cardin, Karen a du mal à s'engager et à laisser à Martha la direction de l'école. Mary, une élève insolente et menteuse, alors qu'elle a été punie, lance la rumeur que les deux professeurs ont une relation "contre-nature". Elle commence par le raconter à sa grand-mère...
Source allocine.fr
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William Wyler et l'Amérique pas très gay
Avec “La Rumeur”, sorti en 1962, William Wyler adaptait pour la deuxième fois cette histoire de petites filles bien élevées, dont l'une tombe amoureuse de l'autre. Pas facile, à l'époque, d'aborder le thème de l'homosexualité... Le film ressort en salles aujourd'hui.
Elles sont si mignonnes, ces petites filles. Si sages, si bien élevées... Apparence, apparence, tout n'est qu'apparence. Car l'une d'elles, en bonne petite garce qu'elle est, répand le bruit que les deux directrices de sa petite pension s'aiment d'un amour « anormal »... Accusation totalement infondée en ce qui concerne Karen (Audrey Hepburn), qui ne songe qu'à épouser son fiancé, un médecin qu'on devine hyperviril et très ennuyeux. Mais exacte, côté Martha (Shirley MacLaine) : devant le scandale – des parents outrés qui retirent dare-dare leur progéniture de la pension –, elle doit s'avouer des sentiments, soigneusement tus...
Avant guerre, William Wyler avait déjà adapté (dans Ils étaient trois) l'audacieuse pièce de Lillian Hellman. Avec un lourd handicap : la censure. Pas question, à l'époque, qu'elle tolère l'ombre d'une homosexuelle sur les écrans. Par un tour de passe-passe inénarrable, c'est donc du fiancé de son amie (toujours le toubib hyperviril et très ennuyeux) dont s'éprend la Martha 1936. Ce qui fiche par terre, forcément, le projet même de Wyler.
Lequel, entêté et courageux, récidive. Dans la version 1962, le coming out de Martha est limpide (et Shirley MacLaine, magnifique). Mais suivi – forcément – de culpabilité et de désespoir. S'avouer gay dans l'Amérique des années 1960 est possible. S'assumer, c'est évidemment une autre paire de manches... S'il vivait aujourd'hui (il aurait 107 ans !), Wyler aurait peut-être réalisé - enfin ! - la version de ses rêves...
Telle qu'elle est (un peu compassée, par moments), celle de 1962 reste féroce. Wyler y saisit une Amérique inexorable et intolérante, toujours à deux doigts du lynchage - physique ou moral. Un pays effrayant, avec ses vieilles rombières, toutes confites en dignité. Et ses détestables et machiavéliques gamines : les futures mères, en fait, des « desperate housewives » d'aujourd'hui...
Pierre Murat
Télérama n° 3103
Source : telerama.fr
La rumeur
Film de William Wyler, de 1962 avec Audrey Hepburn et Shirley MacLaine
Dans une petite ville de province, deux amies Karen Wright et Martha Dobie dirigent une institution pour jeunes filles, aidées par Lily, la tante de Martha, une ancienne actrice excentrique. Fiancée au médecin Joe Cardin, Karen a du mal à s'engager et à laisser à Martha la direction de l'école. Mary, une élève insolente et menteuse, alors qu'elle a été punie, lance la rumeur que les deux professeurs ont une relation "contre-nature". Elle commence par le raconter à sa grand-mère...
Source allocine.fr
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William Wyler et l'Amérique pas très gay
Avec “La Rumeur”, sorti en 1962, William Wyler adaptait pour la deuxième fois cette histoire de petites filles bien élevées, dont l'une tombe amoureuse de l'autre. Pas facile, à l'époque, d'aborder le thème de l'homosexualité... Le film ressort en salles aujourd'hui.
Elles sont si mignonnes, ces petites filles. Si sages, si bien élevées... Apparence, apparence, tout n'est qu'apparence. Car l'une d'elles, en bonne petite garce qu'elle est, répand le bruit que les deux directrices de sa petite pension s'aiment d'un amour « anormal »... Accusation totalement infondée en ce qui concerne Karen (Audrey Hepburn), qui ne songe qu'à épouser son fiancé, un médecin qu'on devine hyperviril et très ennuyeux. Mais exacte, côté Martha (Shirley MacLaine) : devant le scandale – des parents outrés qui retirent dare-dare leur progéniture de la pension –, elle doit s'avouer des sentiments, soigneusement tus...
Avant guerre, William Wyler avait déjà adapté (dans Ils étaient trois) l'audacieuse pièce de Lillian Hellman. Avec un lourd handicap : la censure. Pas question, à l'époque, qu'elle tolère l'ombre d'une homosexuelle sur les écrans. Par un tour de passe-passe inénarrable, c'est donc du fiancé de son amie (toujours le toubib hyperviril et très ennuyeux) dont s'éprend la Martha 1936. Ce qui fiche par terre, forcément, le projet même de Wyler.
Lequel, entêté et courageux, récidive. Dans la version 1962, le coming out de Martha est limpide (et Shirley MacLaine, magnifique). Mais suivi – forcément – de culpabilité et de désespoir. S'avouer gay dans l'Amérique des années 1960 est possible. S'assumer, c'est évidemment une autre paire de manches... S'il vivait aujourd'hui (il aurait 107 ans !), Wyler aurait peut-être réalisé - enfin ! - la version de ses rêves...
Telle qu'elle est (un peu compassée, par moments), celle de 1962 reste féroce. Wyler y saisit une Amérique inexorable et intolérante, toujours à deux doigts du lynchage - physique ou moral. Un pays effrayant, avec ses vieilles rombières, toutes confites en dignité. Et ses détestables et machiavéliques gamines : les futures mères, en fait, des « desperate housewives » d'aujourd'hui...
Pierre Murat
Télérama n° 3103
Source : telerama.fr