Une campagne glamour pour promouvoir le foot féminin françaisLe Monde.fr | 23.09.2010 à 17h44 • Mis à jour le 24.09.2010 à 11h27
Par Anthony Hernandez
La Fédération française de football (FFF) lance une campagne de promotion du football féminin avec en vedette Adriana Karembeu. Conjoncture favorable, l'équipe de France vient tout juste d'obtenir sa qualification pour la Coupe du monde 2011, organisée en Allemagne.Désignée ambassadrice du football féminin en France en avril, l'épouse de Christian Karembeu, champion du monde 1998, paie de sa personne dans cette campagne. Mais celle qui avait déclaré lors de sa nomination
"je dois peut-être me déshabiller pour attirer les gens [dans les tribunes des matches de foot féminin]
" n'aura pas eu à aller si loin. C'est en tenue de joueuse, d'arbitre, de bénévole ou encore de dirigeante qu'elle pose pour illustrer les différentes manières de s'investir dans cette discipline. En parallèle, un site Internet consacré à la discipline a été mis en ligne, et les clubs ainsi que les ligues et les districts disposent maintenant de kits de promotion.
En avril 2009, après la relative indifférence entourant la qualification des Bleues à l'Euro, la FFF avait déjà souhaité frapper un coup médiatique. Quatre joueuses de l'équipe (Sarah Bouhaddi, Gaétane Thiney, Corine Franco et Elodie Thomis) avaient posé nues avec un slogan choc :
"Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ?" "A un moment donné, nous avons été peu choqués que le succès sportif de l'équipe ne suffise pas à attirer l'attention des médias. Ce constat est en quelque sorte le facteur déclencheur de cette campagne de promotion plus globale", explique Pierre-Jean Golven, directeur de la communication de la FFF.
Bruno Bini, sélectionneur des Bleues depuis 2007, était idéalement placé pour constaterla colère de ses joueuses quant à leur déficit de médiatisation. Interrogé sur l'aspect une nouvelle fois glamour présenté du football féminin, il se montre pragmatique.
"Adriana est une belle ambassadrice du foot féminin et même si mes joueuses sont de jolies filles, la beauté réside surtout dans leur jeu", avance-t-il. Avant d'ajouter, inspiré :
"Si j'avais été seul sur l'affiche, vous ne m'auriez pas appelé." "Comme à la pêche, on amorce et ensuite on serre. Après c'est à nous de faire le boulot pour dépasser le côté glamour et prouver la qualité de notre jeu", affirme-t-il.
"LUTTER CONTRE CERTAINS PRÉJUGÉS"Pierre-Jean Golven rejoint le sélectionneur tricolore sur cette ligne mais tient à nuancer.
"Autant en 2009 il y avait une volonté de provoquer, autant cette année l'objectif est clairement de lutter contre certains préjugés et de développer de manière globale l'implication des femmes dans le football", éclaire-t-il. La FFF espère donc
"féminiser" le football aussi bien dans la pratique que dans l'encadrement et la vie quotidienne de ce sport.
Une feuille de route a été édictée avec en premier lieu l'objectif d'atteindre la barre des 100 000 licenciées en 2012, contre 65 000 aujourd'hui. Et cette campagne d'image s'avère clairement être une campagne de recrutement.
"Nous avons mis en place au niveau local en collaboration avec les ligues, les districts et bien sûr les clubs, des dispositifs pour que les femmes viennent s'essayer à la pratique", se réjouit M. Golven.
Longtemps relégué dans une sorte de trou noir médiatique, le football féminin français espère atteindre la popularité de ses équivalents américain, brésilien, allemand ou scandinaves. Classée au 8
e rang mondial du classement FIFA, qualifiée pour le deuxième Mondial de son histoire – du 26 juin au 17 juillet en Allemagne –, l'équipe de France prouve sa qualité et ses progrès d'abord par ses résultats. Mouvement initié par Louis Nicollin à Montpellier, développé par l'OL avec de plus gros moyens et imité désormais par des clubs comme le PSG
, "le football féminin est en voie de professionnalisation en France", se satisfait Bruno Bini.
Anthony Hernandez