Les Inrocks a écrit:
June et Lula, les sirènes du Mississippi
12/11/2010
June & Lula - Sixteen Times
Avec sa country-folk sexuelle et espiègle, le jeune duo français June & Lula visite avec une modernité étonnante une Amérique oubliée depuis cent ans.
Les enfants des écoles de Chelles, en Seine-et-Marne, sont des petits veinards : durant l’année scolaire, ils vont voir débarquer en classe June & Lula, deux filles (et une guitare) engagées dans un projet musico-éducatif basé sur la découverte du folk-blues. Les kids vont tomber amoureux, des chanteuses ou de la musique qu’elles défendent.
Mais pour écouter June & Lula, pas besoin d’avoir 10 ans. Leur premier album vient de sortir, et c’est un retour à l’enfance de l’art : des mélodies simples, une guitare acoustique, deux voix jouvencelles qui s’enlacent. De la musique comme on la faisait il y a cent ans (mais avec le son d’aujourd’hui), puisée à la source intarissable (le folk américain des années 1920 à 1960), qui jaillit fraîche et pure, évoque la Carter Family, le film O’Brother ou quelques jeunes damoiselles de l’alternative-country américaine.
Dans la production française d’aujourd’hui (car elles sont françaises), une chouette anomalie. Mais qui sont June & Lula ? D’anciennes pensionnaires de la petite maison dans la prairie ? Non, en vrai elles sont jeunes (22 ans), s’appellent Tressy (Lula) et Céline (June), et ont grandi dans la banlieue Est de Paris, sur les rives de la Marne plutôt qu’au bord du Mississippi. Toutes deux font de la musique depuis l’enfance – chant pour Lula, violoncelle pour June. Elles se sont rencontrées à 17 ans dans un groupe de lycée, ont appris à marier leurs voix, puis ont décidé de convoler en duo.
“En devenant de plus en plus copines, on a décidé de chanter à deux. L’idée, c’était de faire des choses simples, légères, sans avoir à sonoriser la musique. On se voyait le soir, on s’amusait à faire des harmonies de chant, on écoutait de la musique – des vieux bluesmen, des compiles d’Alan Lomax”, disent-elles en choeur. Ces musiques sacrées, June les a découvertes en fac de musicologie. “J’avais des cours de musique populaire. Le blues, les worksongs, les negro spirituals, ça a été la révélation de musiques hyper expressives, touchantes, faites avec rien, qui dégagent des choses qu’on ne trouve pas ailleurs. Ça nous a montré la voie de la simplicité.”
Une histoire simple, oui : la demo de cinq titres enregistrée chez le père de Lula, mélomane confirmé, tombe entre les mains d’un producteur qui a le bras long, et signe le duo. “On n’avait rien demandé et on a eu beaucoup de chance. Ce qu’on voulait, c’était juste faire les bars à Paris et des premières parties. Après, on rêvait aussi de se faire une place dans la musique. On a donc saisi cette chance. Aujourd’hui, on a arrêté les études. On est musiciennes professionnelles, ça nous plaît de le dire.”
Mais pas trop pro quand même. Le charme irrésistible de l’album Sixteen Times vient certes du vieux pot (folk, blues) dans lequel elles mitonnent leur bonne soupe, mais surtout de la fraîcheur des sentiments récoltés au moment crucial, dans la candeur inquiète, fragile, d’une enfance encore accessible. Dans les textes de June & Lula, il est souvent question de larmes. Et quand leurs voix se croisent, on entend finalement moins leurs références que le besoin viscéral, intime, de chanter pour se réconforter, pour grandir et avancer ensemble. Lula : “La musique est vitale. Sans elle, c’est…” “la dépression”, termine June. Courage les filles : There’s No Depression in Heaven, chantait la Carter Family.
Album:
June & Lula - Sixteen Times
le site Myspace:June et Lula
Place au son..
My girl
Good Bye Suzanne
Lonely Guy Blues
I'm not going