Je pense que le sujet de l'acceptation a été traité...mais plus en filigrane. Ça occupe quand même une grande partie du premier chapitre, et c'est sous entendu dans la seconde partie.
On la voit bien se débattre à plusieurs reprises avec elle même.
Pour moi, plus aurait été lourd/cliché/déjà vu ... j'aimerais bien voir des films avec des homos qui parlent un peu d'autre chose que du "douloureux problème" de l'homosexualité, qui n'en est pas un pour tout le monde, et pas forcément dans une lutte intérieure transcendantale avec rejet de l'entourage et tentative de suicide à la clé.
Ça reste quand même bien présent dans l'histoire et j'ai déjà trouvé ça un peu lourd. Mais je suis d'accord sur un point : il n'aurait pas du enlever la scène avec les parents d'Adèle ( qui se trouvera dans la version longue du DVD me semble t il ) qui est importante pour la compréhension de la suite.
Autre chose : il n'est jamais dit dans le film qu'elle est lesbienne. Elle est peut être bisexuelle, ou peut être lesbienne refoulée, ou peut être hétéro ayant eu un coup de cœur homosexuel une fois dans sa vie.
Le refus de l'étiquette n'est pas forcément un signe d'homophobie latente. Il y a beaucoup de scènes qui démontrent bien que le réalisateur en est loin.
La fin ouverte laisse Adèle et le spectateur dans ce questionnement...on ne sait pas ce qu'elle deviendra à ce moment de l'histoire. Ça n'est pas définit , ni clair.
Au final , est ce une méconnaissance , un désir d'ignorer le sujet ou une réelle volonté du réalisateur , un choix ?
Honnêtement, je pense que personnellement, Kechiche est un gros con ... mais on ne peut pas dire qu'il n'est pas talentueux.
Je pense justement que traiter le couple homosexuel en tant que couple "comme un autre" est la clé de la visibilité efficace à venir.
La notion de "épreuves" / "passages obligés" ... c'est quelque chose au travers de quoi nous devons nous même apprendre à passer ( à autre chose , je veux dire ). C'est très "scolaire" à mon sens, et j'ai l'impression que ça nous conforte dans une auto victimisation contre productive. On peut identifier les problèmes sans avoir à nous les assener à longueur de temps comme une leçon à apprendre dix fois dans une vie.
Je pense qu'en tant qu'homosexuelle, j'ai aussi droit d'attendre de la culture qu'elle m'offre une autre vision du réel ... déjà que cette vision soit réellement ouverte à la diversité ( je rappelle que selon les époques, on a encensé ou critiqué Gazon Maudit, soit disant trop cliché , trop ceci , trop cela, en oubliant que c'était over courageux de la part de Balasko de l'avoir fait à cette époque précise, de cette façon précise ...je pense même que c'est l'un des films traitant de l'homosexualité les plus courageux en France ) , ouverte à la critique aussi si elle est bien amenée et constructive, ouverte à l'ensemble des sujets existants par ailleurs. Être homosexuel , ce n'est pas une chose qui nous définie entièrement et il n'y a pas un "cahier des charges" à exiger pour donner un permis de réalisation.
Pour moi, qu'on aime , qu'on aime pas, qu'on déteste ... je reste sur l'idée que c'est très bien que ce film existe, très bien qu'il ait eu la palme d'or, qu'il ait voyagé hors de nos frontières.
Et je rejoins Agrimony sur la question de l'adaptation : on est toujours déçue , ou presque.