Salut !
Purée, j'ai eu du mal à retrouver ce fil (la fonction "Recherche" n'est vraiment pas terrible).
Donc de nouveau un article de notre cher Samuel pour cette rentrée.
Zibous,
Ariane
La femme est le cauchemar de l'hommeLe 16 septembre 2011 à 18h00
Son émission est devenue hebdomadaire, mais Frédéric Taddeï ne l’a pas rebaptisée Cette semaine (ou jamais !). Et, s’il y laisse toujours s’épanouir la parole, la multiplication des rubriques et des invités la rend plus décousue. Mardi dernier, je fus pourtant ébloui par deux phares de la pensée.
Aldo Naouri, pédiatre médiatique, et Jean Tulard, historien napoléonien, illuminèrent ma nuit. Frédéric Taddeï commençait sa revue de presse avec une question provovatrice : « Y a-t-il trop de femmes dans l’enseignement ? » Une interrogation suscitée par une déclaration de David Cameron. Après les émeutes du mois d’août, le Premier ministre britannique a estimé qu’il fallait renforcer les effectifs masculins dans l’enseignement pour restaurer l’autorité. Une mesure de bon sens.
Jean Tulard offrit à l’auditoire les précieuses leçons de l’histoire. « Jadis, il y avait une Ecole normale d’instituteurs et une Ecole normale d’institutrices ; les institutrices faisaient la classe aux filles, les instituteurs faisaient la classe aux garçons. Donc le problème ne se posait pas. » C’était le bon temps ! « La mixité mélangeant tout, la compétition est maintenant ouverte entre hommes et femmes dans les concours universitaires et force est de constater que les femmes sont en train de l’emporter. » En voilà une bonne idée : cette mixité qui mélange tout (beurk !), il faut la supprimer. Si les hommes apprenaient l’autorité aux garçons, si les femmes enseignaient la couture aux filles, on aurait peu de risques de voir surgir des émeutiers.
Aldo Naouri, lui, offrit au public le recul salvateur d’une approche anthropologique. « S’il y a autant de femmes dans l’enseignement, c’est parce qu’elles ont les vacances scolaires, pendant lesquelles elles peuvent s’occuper de leurs enfants. » Une attention maternelle bien naturelle. Sauf pour Clémentine Autain, qui agressa le vénérable pédiatre : « Et les pères, ils ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants ? »
Aldo Naouri lui opposa une implacable argumentation. « Les pères peuvent s’en occuper aussi. Mais la qualité de la communication est bien meilleure avec les mères. C’est biologique, les pères ne portent pas l’enfant. Alors que de la grossesse naît une communication fiable et privilégiée entre l’enfant et sa mère. » CQFD. S’il y a beaucoup de femmes dans l’enseignement, c’est biologique. Clémentine Autain tenta de répliquer mais ne put formuler qu’un truisme. « Plus on monte dans la hiérarchie de l’Education nationale, moins il y a de femmes. » Evidemment ! Plus on monte dans la hiérarchie de l’Education nationale, plus les postes nécessitent une autorité que seuls les hommes savent exercer.
Vanessa Schneider, journaliste au Monde, vint au secours de Clémentine Autain. « S’il y a beaucoup de femmes dans l’enseignement, c’est tout simplement parce que les femmes sont surreprésentées dans les métiers les plus mal payés et les moins valorisés. C’est vrai dans la société française donc dans l’Education nationale. » « Plus une profession se dévalorise, plus elle se féminise », compléta Clémentine Autain. Incroyable ! Ces harpies marxistes rendent la société coupable de tous nos maux en niant les indéniables différences biologiques entre hommes et femmes ! Et pourquoi ne pas inscrire leurs fumeuses théories dans les manuels scolaires, tant qu’on y est ?!
Frédéric Taddeï lança un nouveau débat sur les « affaires : grand déballage de rentrée ». « Ça sent la fin de règne », osa un invité. Jean Tulard dut intervenir pour rétablir la vérité historique. « Non, non, je ne pense pas. L’histoire nous apprend que, dès que s’installe un régime parlementaire, il y a corruption. » Sans démocratie, pas de corruption. « Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est le cynisme. A son époque, Talleyrand s’enrichit sans scrupules. » Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est la dictature. Avec un régime autoritaire, la corruption n’est plus un problème mais une solution.
Démarra ensuite un grand débat sur la crise financière, avec de nouveaux invités, dont Paul Jorion, qui déclarait : « Le capitalisme n’est pas un système économique. C’est un système où l’argent manque toujours là où il y en a le plus besoin. » Une fois encore, l’éclairage historique de Jean Tulard se révéla lumineux. « Tous mes étudiants avaient anticipé ce qui se passe. » Grâce à qui ? Grâce à leur professeur d’histoire, qui leur enseigne que « la Révolution française est née de la crise des finances publiques. Pendant quelques années, les gouvernements ont tenté toutes sortes de solutions… jusqu’à ce que qu’on aboutisse à quoi ? A la banqueroute, sous le Directoire. La banqueroute est inéluctable dans ce type de crise. »
Pas la peine d’essayer de sauver la Grèce, l’Espagne ou l’Italie. La faillite de l’euro est certaine. Or, « qui paie la banqueroute ? Tous les crétins qui ont prêté à l’Etat, acheté à l’Etat. Tous ceux qui n’ont pas investi dans la terre et la pierre. » Au contraire de l’Etat, la terre ne ment pas et la pierre ne faillit pas, seuls les crétins ne le savent pas. Donc, « la banqueroute est la solution idéale : elle met tout à plat ». Du passé faisons table rase ! Sous ses dehors aristocratiques, Jean Tulard est un vrai révolutionnaire. Mais revenons à la banqueroute du Directoire. « Paraît Bonaparte qui, sur les ruines du système financier, bâtit le franc germinal qui durera jusqu’au franc Poincaré. » Gloire à l’empereur ! Seul un homme providentiel nous sauvera de la crise.
« Voilà, c’est tout simple, conclut Jean Tulard. Nous finirons sur une banqueroute, elle est inéluctable. Et tous mes élèves, depuis le magnifique appartement qu’ils auront acheté place Vendôme, diront en regardant la statue de Napoléon : “Tulard avait raison !” » Et vive Napoléon ! La clairvoyance de l’historien rejoint celle de l’analyste politique. En effet, invité la veille de Mots croisés sur France 2, Roland Cayrol, sondeur retraité, expliquait que « l’hyperprésidentialisation de Nicolas Sarkozy a plutôt plu aux Français. Vous savez, l’idée qu’il faut sans arrêt des pouvoirs, des contre-pouvoirs… » C’est un peu ringard. Et pourquoi pas une séparation des pouvoirs, tant qu’on y est ? Non, sérieusement, « on est dans une démocratie d’opinion où les gens sont d’accord pour conférer l’essentiel du pouvoir politique à un homme pendant cinq ans pour être tranquilles. » Personnellement, je suis même d’accord pour conférer l’intégralité du pouvoir politique à un homme pendant quarante ou cinquante ans afin qu'on me laisse tranquille le plus longtemps possible.
Un bon dictateur, voilà ce qui nous sauvera. Mais qui l’incarnera ? Toujours dans Mots Croisés, un autre brillant analyste, Guillaume Roquette, éditorialiste à Valeurs actuelles, voyait bien quelqu'un dans le rôle : « Si la zone euro éclate, si les banques sont nationalisées, l’utilité de Nicolas Sarkozy sera concrète, il apparaîtra comme un protecteur et on ne se posera plus la question de savoir si on l’aime ou pas. En revanche, si on est dans une crise avec plus de langueur, si la récession s’installe, que le chômage continue à progresser, c’est beaucoup plus dangereux pour lui, il risque d’apparaître comme un président impuissant. » Autrement dit, la langueur est l’ennemie du dictateur. Ce qu’il faudrait, c’est une bonne guerre qui nous obligerait à nous en remettre entièrement à notre protecteur.
Tout s’éclairait, j’étais rassuré. Finalement, la situation n’était pas si désespérée, vaincre la crise paraissait à notre portée, il suffisait d’accorder les pleins pouvoirs à un dictateur qui partirait en guerre contre la Terre entière. Mais c’était oublier un obstacle de taille : les femmes ! Aldo Naouri le rappela opportunément – et Frédéric Taddeï résuma très bien sa thèse : « C’est le matriarcat qui règne désormais, dégoulinant d’amour et créant une société sans limite qui pourrait peut-être être à l’origine de la crise financière dont nous sommes victimes. » Le pédoéconomiste confirma : « Le patriarcat s’est effondré et ne peut plus s’opposer au matriarcat. La non-limite qui est inhérente au matriarcat a envahi notre esprit. » Quelle horreur !
« Pourquoi la non-limite est-elle inhérente au matriarcat ? » demanda Frédéric Taddéi. « Parce que c’est exactement ce dont rêve toute mère pour son enfant. Quand je parle de matriarcat, je ne parle pas de féminisme ni des femmes. Je parle de la relation maternante, de vouloir tout pour son enfant. Cette propension qui est tout à fait naturelle et répandue vient travailler les mentalités. » Enfer et damnation ! On ne peut rien contre la biologie. La « propension naturelle » des mères à tout vouloir pour leur enfant explique les dérives des financiers. Si, au lieu d'institutrices, les traders avaient eu des instituteurs, on n'en serait pas arrivé là.
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